LES DEMI-FINALES1 - 2
DEMI 2 Dimanche 31 octobre à Twickenham (Angleterre)

 

FRANCE NOUVELLE ZELANDE
 
Présentation

Personne ne se jetant avec avidité sur cette présentation au sein de la rédaction de Planète Rugby, il m'advint le destin du mousse sur un bateau privé de nourriture. Donc à défaut d'être dévoré par l'équipage, je vais tenter de dévorer cette page comme nos bleus pourraient l'être dimanche sur la pelouse de Twickenham.

Le XV de France et les All Blacks se sont affrontés 33 fois depuis 1906. Battus lors de leurs deux premiers matches en 1906 et 1925, les Français ont attendu le 27 février 1954 pour décrocher leur premier succès sur les All Blacks (3-0), au stade de Colombes, grâce à un essai de Jean Prat.

La France ne s'est imposée que huit fois face aux All Blacks et n'a remporté qu'une seule série de tests-matches, en 1994 en Nouvelle-Zélande. Cette année-là, les Français, entraînés par Pierre Berbizier, avaient dominé les Néo-Zélandais, conduits par Sean Fitzpatrick (22-8) lors de la première manche. Cela reste encore et probablement pour longtemps le plus large succès remporté par une équipe de France face à cette nation.

Le second test-match, gagné (23-20) le 3 juillet, est entré dans la légende du rugby français, symbolisé par l'essai de la victoire, conclu par Jean-Luc Sadourny, après une action de 100 mètres. Vous pouvez en admirer la teneur sur notre sélection des essais de légende.

L'un des plus grands exploits du rugby français remonte au 14 juillet 1979. Une semaine après une retentissante défaite à Christchurch lors du premier test-match (23-9), le XV de France avait remporté le premier succès de son histoire en Nouvelle-Zélande (24-19).

Au rang des déceptions, il est inutile de rappeller la dernière en date lors de cette malheureuse tournée estivale qui aura eu le mérite de ramener tout ce beau monde à de justes réalités.

Pour en venir à cette rencontre, il me semble inutile de répéter pour la cinquième fois depuis le début du tournoi quelles sont les faiblesses de notre XV national. Côté chances, elles existent toujours avant le début d'un match et jusqu'au point de rupture durant la rencontre. Des raisons d'espérer avant la rencontre, il en existe au rang desquelles figurent pêle mêle: l'arbitre, c'est ce qu'il pouvait nous arriver de mieux depuis le début du tournoi, les blacks eux-mêmes qui comme toute équipe posséde des faiblesses, le risque pour eux d'aborder ce match en pensant qu'il était déjà gagné (cf Tonga).

L'Angleterre, l'Ecosse et dans une moindre mesure les Tonga nous ont montré quelques points sur lesquels insister: une forte pression en mêlée fixant leur 3ème ligne et plus particulièrement Kronfeld, un jeu au pied bien ajusté dans le dos du premier rideau défensif, mettre Lomu en situation de ramasser sous la pression des balles au sol.

Quelques clés du match en ce qui concerne les bleus:

  • S'il y a peu de pénalités sifflées à l'encontre du XV de France (moins de 4 par période), la porte de la finale restera ouverte.
  • Une touche et des lancers efficaces peuvent assurer de bonnes munitions, de même qu'il faudra tenter de perturber les prises en touche des néo-zélandais.
  • La défense de Ntamack se devra d'être à la hauteur de l'enjeu, et ce n'est pas peu dire, alors Milou fais-toi mal !
  • La réussite de Lamaison
  • Le courage des bleus et leur envie de venger l'affront estival.
  • Une défense sans blanc

Quant aux Blacks que dire d'autre qu'avec ou sans Mehrtens ils ont souvent la meilleure équipe pratiquant le meilleur jeu avec les meilleurs joueurs (ou presque !).

Côte Planète Rugby: Nouvelle-Zélande 70% - France 30%

France :
Xavier Garbajosa; Philippe Bernat-Salles, Richard Dourthe, Emile Ntamack, Christophe Dominici;
Christophe Lamaison (o), Fabien Galthié (m); Christophe Juillet, Olivier Magne, Marc Lièvremont; Fabien Pelous, Abdelatif Benazzi, Franck Tournaire, Raphael Ibanez (cap.), Cedric Soulette.

Remplaçants: Ugo Mola, Stéphane Glas, Stephane Castaignède, Arnaud Costes, Olivier Brouzet, Pieter De Villiers, Marc Dal Maso.

Nouvelle-Zélande:
Jeff Wilson;Tana Umaga, Christian Cullen, Alama Ieremia, Jonah Lomu; (o)Andrew Mehrtens/Tony Brown, (m) Byron Kelleher; Taine Randell (cap), Josh Kronfeld, Reuben Thorne; Robin Brooke, Norm Maxwell; Craig Dowd, Anton Oliver, Carl Hoeft.

Remplaçants: Daryl Gibson, Tony Brown ou Bruce Reihana, JustinMarshall, Andrew Blowers, Royce Willis, Kees Meeuws, Mark Hammett

Arbitre: Jim Fleming (Ecosse)

 

Fiche
A Londres - Twickenham  
France 43 (10)
4E: Lamaison (20e), Dominici (55e) Dourthe (59e), Bernat-Salles (73e); 4T: Lamaison (21e,57e,60e,73e);3P: Lamaison (2e,51e,54e); 2D: Lamaison (47e,49e)
Nouvelle Zelande 31 (17)
3E: Lomu (25e,45e), Wilson (80e); 2T: Merthens (46e,81e));4P: Merthens(9e,18e,22e,39e);  
Equipes :

France :
Xavier Garbajosa; Philippe Bernat-Salles, Richard Dourthe, Emile Ntamack (Stéphane Glas, 80e), Christophe Dominici (Ugo Mola,77e);Christophe Lamaison (o), Fabien Galthié (m) (Stephane Castaignède,80e); Christophe Juillet (Brouzet, 31e), Olivier Magne, Marc Lièvremont (Arnaud Costes,64e); Fabien Pelous, Abdelatif Benazzi, Franck Tournaire, Raphael Ibanez (cap.), Cedric Soulette (Pieter De Villiers,57e).

Nouvelle Zélande :
Jeff Wilson;Tana Umaga, Christian Cullen, Alama Ieremia (Daryl Gibson,57e), Jonah Lomu; (o)Andrew Mehrtens, (m) Byron Kelleher (Justin Marshall,78e); Taine Randell (cap), Josh Kronfeld, Reuben Thorne; Robin Brooke, Norm Maxwell; Craig Dowd (Kees Meeuws,57e), Anton Oliver, Carl Hoeft.

Arbitre : M. Bevan (Pays de Galles)

Cartons Jaunes: Garbajosa(16e), Ibanez (35e)

Analyse

Ils ont renversé les montagnes ou plutôt LA montagne!! Ils, ce sont nos petits bleus, nos tout petits bleus qui sont venus à bout des énormes Blacks. Pourtant sur la seconde période, on se demande quelle était l'équipe énorme et celle toute petite. A la lecture du résultat brut, une conclusion s'impose : les Français ont totalement et complètement battu et abattu les Blacks. C'est loi d'être une victoire de raccroc et ce match restera comme un des plus abouti de la "période Skrela - Villepreux - Maso".

Les Français donnaient le coup d'envoi et récupéraient la balle. La première ouverture française donnait lieu à un coup de pied la deuxième suivait le même chemin. On craignait alors un peu le schéma du match de la veille. Il n'en fut, heureusement, rien et sur cette deuxième action de jeu, les Blacks hors-jeu permettaient à Lamaison d'ouvrir le score pour la France. Le buteur français ne pouvait pas mieux débuter et mettre son équipe dans le bon sens.

Mais les Blacks reprenaient les opérations en main et obtenaient de nombreuses pénalités. M Flemming semblant ne regarder que du côté des Bleus. Après 8 minutes de jeu et au bout de sa 3e tentative, Merthens passait enfin les premiers points NZ. Le match devenait un peu plus enlevé et Dominici se mettait en valeur une première fois mais sans succès. Ce sont même ses adversaires qui remettaient une deuxième pénalité quelques instants plus tard à la conclusion d'une belle action. Au passage, Garba prenait un jaune pour une obstruction dans un regroupement.

Dominici était le plus petit joueur sur la pelouse mais le Toulonnais ne s'en laissait pas conter. Il faisait une percée formidable faisant avancer son équipe de 40 mètres et n'étant stoppé qu'à quelques mètres de l'en-but par un retour de Cullen. Galthié parvenait à faire rebondir le jeu sur Lamaison qui sans réelle opposition allait aplatir entre les barres. La transformation passait pour offrir un avantage de 10 à 6 pour les Coqs.

Les Kiwis, sans doute, vexés d'avoir pris une telle valise, allaient faire donner Lomu qui dans son style assez particulier parvenait en terre promise. La défense française étant sur ce coup là coupable de ne pas l'avoir pris assez bas sur ses placages. Le match s'équilibrait ensuite pour arriver à la pause avec un score de 17 à 10 en faveur des NZ qui capitalisaient par Merthens enfin réglé au pied.

Premier bilan à la pause : les Français ne sont pas ridicules du tout. Ils peuvent même encore caresser l'espoir d'aller plus loin mais il est enconre difficile d'y croire. Ce sera encore plus dur lorsque Lomu 5 minutes après la reprise refaisait un petit coup à sa façon avec la complicité de Jeff Wilson. Ce bel essai mettait les Blacks à 14 points des Français. 14 points qui semblaient encor eplus insurmontable. Pourtant les Français ne se décourageaient pas et continuaient à aller de l'avant.

On pensait que cela permettrait d'éviter l'humiliation de juin alors pour éviter la grande claque, Lamaison s'inspirait de de Beer et Larkham pour passer deux drops coup sur coup. La confiance à alors sembler quitter totalement le camp des Blacks. Lamaison passait une pénalité de plus : 24 à 19. Le coup était plus jouable que jamais. Et le coup fut joué : Lamaison avec une pénalité puis Dominici (encore lui!!) faisaient repasser la France devant (24 à 28), c'était du délire dans des tribunes de Twickeham bien remplies de supporters français.

Et ce n'est pas fini!! Quatre minutes plus tard, Dourthe se joignait à la fête en marquant lui aussi son essai sur un coup de pied à suivre de Lamaison. Les Blacks étaient alors dans un doute total, Randell n'a semble t'il pas réussi à remobiliser ses troupes pour se remettre (ou plutôt rentrer!!) dans le match. Les All-Blacks réagissaient mais leurs rares élans restaient muets au tableau d'affichage. Le reste n'était plus qu'une réussite totale des Bleus dans un état de grâce avec un M.Flemming cette fois bienveillant...

Comme un pied de nez à la petite histoire du rugby, c'est Philippe Bernat-Salles, prétendu victime expiatoire de Lomu, qui marquait le dernier essai français en étant à la conclusion d'un contre de footeux en compagnie de Olivier Magne redevenu lui-même depuis la semaine dernière. Les Blacks dans un sursaut d'orgeuil envoyaient Wilson derrière la ligne pour clore les débats.

Grosse déssillusion des Néo-Zélandais qui ne sont jamais réellement entrés dans le match et qui subissent une logique défaite avec une deuxième période extraordinaire de la France (dejà que la première était pas mal;)). Les Kiwis ont pris au passage une belleleçon d'humilité, jurant mais un peu tard qu'on les y reprendrait plus ;)) La haie d'honneur faite aux Français à la fin du match le montre bien. Les Français ont réalisé L'EXPLOIT une envie, un dynamisme et des qualités que l'on n'avait pas revu depuis belles lurettes et qui fait un immense plaisir à revoir!! Espérons que tout cela sera encore présent pour la semaine prochaine affrotner les Australiens au Millenium Stadium de Cardiff.

Maxime Malet


Le fait du match

Ne nous décourageons pas!!

Le tournant du match se situe sans aucun doute vers la 45e minute de jeu. A ce moment, Jonah Lomu avec son deuxième essai personnel vient de mettre les Français à 14 points (24 à 10). On se dit alors que les Français sont plutôt "mal". C'est sans doute ce que se disent les Néo-Zélandais qui n'ont pas vraiment brillé dans ce match mais qui semblent s'acheminer vers un succès sans réel panache comme face à l'Ecosse. Mais la France de l'automne n'est pas celle du printemps et à contre courant des saisons, elle refleurit quand la nature s'étiole.

Elle refleurit dans les têtes. Les têtes des joueurs français qui ne flanchent pas dans ce moment crucial. Des têtes qui dirigent des bras, des jambes, des corps entiers tournés vers un seul objectif : la finale et la victoire sur les Blacks qui l'accompagne. Ses 15 têtes, accompagnées de leurs "membres actifs", se remettent en marche sans faiblir, sans se retourner sur cet essai de Lomu, sans se soucier de l'écart au tableau d'affichage.

Cette équipe de France est finalement bien plus forte qu'on ne voulait bien le croire. Plus forte dans sa tête et bien plus forte dans son jeu. Elle a cru en elle parfois plus que de raison pensait-on pourtant, la raison, celle du plus fort, est revenue à la France qui a su mettre le doute qui aurait du l'assaillir dans les esprits adverses.

Un doute fatal aux All-Blacks qui auront sans doute du mal à se remettre pour disputer la troisième place face aux Boks. La faute à Christophe Lamaison qui a su tenir la barque avec ses pieds et ses deux drops des 47e et 49e minutes. Deux drops qui ont remis la France dans le sens de la marche, deux drops qui ont renforcé le mental déjà admirable de Français et qui a miné celui des Kiwis qui portent aujourd'hui leur propre deuil.

Maxime Malet